Anne Bisang
Née à Genève en 1961, Anne Bisang grandit au Japon et au Liban avant de retourner à Genève où elle intègre l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique (ESAD) du Conservatoire. A la fin de ses études, elle choisit de se consacrer à la mise en scène en créant La Compagnie du Revoir. Repérée dès sa première création, WC Dames, par les professionnels romands, elle fait un parcours suivi dans les théâtres romands : le Théâtre Saint-Gervais, le Grütli, le Festival de la Bâtie. Son travail artistique, après un passage par un théâtre visuel et silencieux, se fonde sur le texte et la créativité des acteurs. Convaincue de la responsabilité de l’artiste et du théâtre dans les affaires du monde, ses choix se portent vers des auteurs vivants ou des textes méconnus toujours porteurs de problématiques humanistes, sociales et politiques.
En 1998, Anne Bisang est nommée, sur projet, directrice de la Comédie de Genève et entre en fonction le 1er juillet 1999. Les valeurs qui président à sa démarche artistique convergent vers le projet culturel qu’elle annonce et qu’elle met en œuvre au cours des douze années de direction : développement des coproductions, résidences d’auteurs, commandes de textes, partage de l’outil avec les compagnies indépendantes, partenariats avec les autres institutions de la ville, inscription dans les réseaux professionnels internationaux, mise en œuvre d’une agora où se débattent les questions sociales d’actualité, affirmation du théâtre comme lieu de vie et d’échanges, soutien à l’emploi artistique local et au vivier de jeunes acteurs, contribution à l’élaboration d’un territoire francophone européen. Parallèlement, ses créations sont présentées à Valence, Saint-Etienne, Reims, Rennes, Colmar, Paris, Liège, Bruxelles et en Suisse romande.
Le 1er juillet 2011, son mandat à la Comédie de Genève se termine. Elle quitte l’institution forte d’une connaissance joyeuse qu’elle souhaite pouvoir partager sous d’autres auspices : l’institution doit être accoucheuse d’avenir et permettre à l’artiste de grandir dans son art ; le théâtre citoyen n’est pas une compromission, il est au contraire un éloge de l’hybridation doublé d’une formidable puissance de rituel propre à recomposer le corps social.
Elle fonde sa nouvelle compagnie indépendante anne bisang productions en 2011, avec laquelle elle crée notamment, Desperate Alkestis de Marine Bachelot d’après Euripide au Théâtre du Grütli.
En juin 2013, elle est nommée à la direction artistique du TPR — Centre neuchâtelois des arts vivants, à La Chaux-de-Fonds. Elle y continue avec conviction son engagement pour un théâtre citoyen, engagé, rassembleur et remueur d’idées. Elle en devient la directrice en 2021.
Souvent complice de Mathieu Bertholet, on se souvient de la mise en scène de 2006 « Méphisto /Rien qu’un acteur » d’après Klaus Mann, adapté par le directeur du Théâtre de Poche de Genève et qui embrasa la Comédie. En 2019, elle commande à l’auteur une adaptation de « Small g – Une idylle d’été » de Patricia Highsmith qu’elle crée au TPR en 2020 et qui fait une tournée remarquée en Suisse romande. En 2021, elle monte « Nous roulons sur des rails, donc ce tunnel doit conduire quelque part, assemblage de la nouvelle de F.Dürrenmatt « Le Tunnel » et d’un texte inédit de Odile Cornuz dans le cadre du centenaires de la naissance de Dürrenmatt, ainsi que « Qui a peur de Virginia Woolf ? » le classique contemporain de Edward Albee, créé au POCHE / GVE. Avec La Belle constellation – composée d’acteur.trice.s de la région neuchâteloise -, elle met en scène le texte de Eduardo De Filipo « L’Art de la comédie »
En 2018, elle est lauréate du Prix suisse du Théâtre, sous la bannière «Liberté et émancipation».